Après avoir embrassé la révolution numérique, les conseillers en gestion de patrimoine (CGP) ne veulent pas manquer le train de l'intelligence artificielle (IA).
Les CGP voient l'IA comme un outil précieux pour améliorer leur efficacité et mieux servir leurs clients. Ils sont conscients des défis liés à la fiabilité de l'IA, mais sont prêts à l'intégrer progressivement dans leurs processus. Les tendances d'investissement montrent une préférence pour les produits moins risqués et une diversification accrue, avec une montée en puissance des ETF et des produits structurés.
Cette technologie est déjà perçue comme une nouvelle arme pour aider les épargnants à choisir les placements les plus performants. Elle permet également aux conseillers de gagner du temps dans un environnement où la réglementation peut être chronophage.
L'IA : un outil, non un adversaire
L'IA est vue comme « un outil et non pas comme un adversaire de la profession », selon Annabelle Hermant, directrice commerciale chez Kantar, lors de la présentation du 18e baromètre des CGP pour BNP Paribas Cardif. Delphine Mantz, directrice du réseau CGP et courtiers chez BNP Paribas Cardif, souligne que les CGP « n'ont pas peur de l'IA et veulent la saisir à bras-le-corps ».
L'IA en phase de test
82 % des conseillers estiment que l'intelligence artificielle est incontournable pour l'avenir de la gestion de patrimoine. « Ils sont près d'un quart (24 %) à l'utiliser déjà. 7 % régulièrement et 17 % occasionnellement. Il n'empêche qu'aujourd'hui les CGP testent cet outil pour faire de l'administratif ou de l'analyse financière […] même s'ils ne l'ont pas encore totalement intégré dans leur processus », constate Delphine Mantz.
Utilisation de l'IA par les CGP
Les conseillers sont 8 % à avoir recours à l'IA pour automatiser des tâches répétitives, et 8 % à l'utiliser pour l'aide à l'allocation d'actifs. Un autre enseignement de l'étude : c'est le premier domaine dans lequel les CGP souhaiteraient suivre une formation en complément de celles qui leur sont prodiguées en ingénierie patrimoniale ou encore en retraite.
Ce travail de sensibilisation à l'IA a déjà commencé pour une partie des quelque 2 000 CGP partenaires de BNP Cardif. L'enjeu est de taille car, au-delà de la maîtrise des nouveaux outils, il s'agit de ne pas tomber dans le piège de la désinformation, la fiabilité restant encore à démontrer pour certains pans de l'IA.
Les grandes tendances d'investissement
Interrogés sur les grandes tendances d'investissement dans le cadre des contrats d'assurance-vie ou de capitalisation au cours des 12 derniers mois, les CGP constatent que leurs clients privilégient les produits les moins risqués et respectent la règle d'or de la diversification.
Les ETF plébiscités par les conseillers
Pour l'avenir, les professionnels devraient inciter leurs clients à réaliser des arbitrages. Interrogés sur les solutions d'investissement qu'ils comptent proposer à leurs clients au cours des 12 prochains mois, les CGP ont catapulté les ETF en tête du classement. Ces fonds, qui permettent de répliquer un indice, occupaient respectivement les 5e et 6e places en 2023 et 2022.
Près d'un CGP sur deux (48 %) a l'intention de proposer davantage d'ETF à leurs clients à l'avenir. « Cela répond au besoin de diversification et aussi à l'élargissement de la clientèle des CGP » qui rajeunit et se démocratise, analyse Delphine Mantz.
Les produits structurés, qui attirent également d'importants flux de capitaux, reculent à la deuxième place. 39 % des CGP entendent les mettre plus en avant. Le private equity, qui s'adresse plutôt à une clientèle avertie, se classe à la troisième place.
La pierre papier stigmatisée
Le fonds en euros, qui a connu un retour en grâce en 2023, « sécurise sa place de quatrième » alors qu'il avait chuté en 2022 à la 11e place du palmarès. Ce placement phare de l'assurance-vie assure une garantie en capital et a permis aux épargnants de bénéficier de rendements en forte hausse avec parfois des taux boostés au cours des derniers mois. Plombée par le retournement du marché immobilier, la pierre papier (SCPI, SCI, OPCI) ne parvient pas à sortir la tête de l'eau. Seuls 9 % des conseillers entendent la pousser davantage auprès de leur clientèle.