Après plusieurs mois de repli, le marché immobilier semble retrouver un certain dynamisme en ce début d’année 2025. Sans parler d’une véritable euphorie, plusieurs indicateurs confirment une stabilisation des prix et, dans certaines villes, un retour progressif à la hausse.
Ce redémarrage, encore fragile, est alimenté par une amélioration des conditions d’emprunt et un regain d’activité sur le marché des transactions. Mais cette embellie est-elle durable ou s’agit-il d’un simple sursaut avant une nouvelle correction ?
Des signaux positifs portés par la baisse des taux
L’un des principaux moteurs de ce frémissement est l’évolution des taux de crédit immobilier. Après avoir atteint un sommet de 4,20 % en décembre 2023, les taux moyens ont amorcé un repli significatif, s’établissant à 3,32 % en décembre 2024, puis à 3,24 % en janvier 2025, selon l’Observatoire Crédit Logement/CSA. Cette tendance permet à de nombreux acheteurs de retrouver du pouvoir d’achat immobilier, en rendant les mensualités plus abordables et en facilitant l’accès au crédit.
Les banques, traditionnellement prudentes en début d’année, ont cette fois décidé d’assouplir leurs conditions, misant sur une reprise du marché. « Nous constatons désormais des taux inférieurs à 3 % accordés dans plusieurs régions et sur toutes les durées », confirme Ludovic Huzieux, cofondateur d’Artémis Courtage. Un mouvement qui pourrait encore s’accentuer si la Banque centrale européenne poursuit sa politique d’assouplissement monétaire dans les prochains mois.
Des transactions en hausse et des prix qui résistent
L’impact de cette détente des taux se traduit directement sur le terrain. Selon les données de SeLoger - Meilleurs Agents au 1er mars 2025, les transactions ont progressé de plus de 10 % en janvier par rapport à la même période de 2024, une dynamique qui se confirme en février. Dans les agences, les vendeurs se font plus nombreux, et l’offre de biens à la vente s’étoffe après une année de raréfaction.
Conséquence directe de ce regain d’activité : les prix, qui avaient chuté dans de nombreuses métropoles au cours de l’année 2024, amorcent une stabilisation. À l’échelle nationale, le prix moyen au mètre carré s’établit désormais à 3 016 euros, un niveau quasi identique à celui de janvier. Mais au-delà de cette moyenne, certaines villes enregistrent déjà une remontée des prix.
Ces villes où les prix repartent à la hausse
Après une période de correction marquée, plusieurs grandes agglomérations françaises voient le prix des appartements repartir à la hausse. Paris, qui avait subi un léger repli en 2024 (-0,4 % sur l’année), affiche une progression de 0,7 % sur douze mois, avec un prix moyen désormais fixé à 9 380 euros/m².
D’autres métropoles suivent le même mouvement. C’est le cas de Lyon, Nice, Toulouse, Montpellier et Strasbourg, où les prix augmentent depuis le début de l’année. Ces villes avaient été parmi les plus impactées par la baisse de 2023-2024, mais elles bénéficient aujourd’hui du retour des acheteurs solvables, attirés par la diminution des taux et l’ajustement des prix.
En revanche, certaines villes peinent encore à retrouver un équilibre. À Nantes, par exemple, la spirale baissière se poursuit avec un repli de 5,9 % sur un an et de 0,7 % sur un mois. « Après une flambée des prix entre 2015 et 2022, le marché nantais connaît une correction prolongée, en raison d’un pouvoir d’achat immobilier affaibli et d’une attractivité en recul », analyse Alexandra Verlhiac, économiste chez SeLoger.
Un marché encore marqué par des incertitudes
Si ces signaux sont encourageants, la reprise reste contrastée. Les délais de vente continuent de s’allonger, preuve que les acheteurs ne se précipitent pas encore pour conclure leurs acquisitions. En moyenne, il faut désormais 83 jours pour vendre un bien en France, soit 11 jours de plus qu’il y a un an.
Les vendeurs restent dans une position d’attentisme, espérant une reprise plus franche avec l’arrivée du printemps. Certains refusent encore de baisser leurs prix, notamment sur le segment des résidences secondaires, où l’ajustement à la baisse a été plus lent. Par ailleurs, la question des passoires thermiques continue de peser sur le marché : les logements mal notés sur le plan énergétique peuvent subir des décotes allant jusqu’à 20 %, constituant un levier de négociation important pour les acquéreurs.
Reprise durable ou simple rebond technique ?
La dynamique actuelle du marché immobilier repose principalement sur la baisse des taux d’intérêt, qui redonne de la capacité d’achat aux ménages. Si cette tendance se poursuit, elle pourrait enclencher une stabilisation durable des prix et même favoriser une légère remontée dans les zones les plus attractives.
Toutefois, plusieurs inconnues demeurent. Le ralentissement économique, la possible remontée des taux obligataires ou encore les évolutions réglementaires pourraient venir freiner cette reprise naissante. De plus, si les prix remontent trop rapidement, la fenêtre d’opportunité pour les acheteurs pourrait se refermer, entraînant un nouvel attentisme sur le marché.
Le marché immobilier redémarre-t-il vraiment ? Il est encore trop tôt pour le dire avec certitude. Mais une chose est sûre : après une année 2024 marquée par la correction des prix, 2025 s’ouvre sur un climat plus dynamique, qui pourrait bien marquer un tournant pour les investisseurs et les acquéreurs.